La côte péruvienne

Du désert, des cocotiers, un sable fin et de belles vagues, la côte péruvienne a quelque bonnes surprises du nord jusqu'à Lima.



Petit saut dans le temps pour revenir à nos deux semaines de repos intense après l'Equateur. De Cuenca, la frontière fut franchie en bus. Passage au Pérou et arrivée à Mancora, charmante bourgade de pêcheur réputée des touristes, où il fait bon vivre. Le camping de Tito nous ouvre ses portes et un carré de sable ira pour la tente, le tout à 20 mètres de la plage. Nous allons passer 10 jours très peu productifs pour notre plus grand plaisir avec beaucoup de surf, de sieste, de lecture et de frisbee.







Mancora est une ville de 10 000 habitants vivant de la pêche et du tourisme. Au loin, à l'ouest, les grands bateaux de pêche se dressent comme des destroyers agressifs dans la brume jaune du soir. C'est un spectacle dont nous ne nous lassons pas. 17:30, tous les soirs, rendez-vous la plage, une bière et un paquet de crakers accompagnent les derniers rayons qui caressent les surfers motivés.




Si nous restons si longtemps dans cette ville, ce n'est pas que pour son petit marché et son soleil permanent, mais aussi parce que j'attends un colis qui doit arriver à Cuenca en Equateur. (A l'heure où j'écris, il n'est toujours pas arrivé.) Mais en restant plus de dix jours sur cette ville côtière nous avons pu constater la dégradation de la côte à cause de la montée des eaux. Un coup de houle venu du nord à radicalement changé le visage de la petite côte. Les vagues violentes ont ravinés les bases des hôtel trop proches de la mer, tandis que l'eau salée pousse le sable et les briques arrachées dans la rue commerciale. Je ne prédis pas longtemps à cette ville.





J'entreprends un jour d'aller à Los Organos, village de pêcheur réputé pour attirer des tortues grosses comme des tables de salon auprès de son môle.
A une vingtaine de kilomètres, j'entreprends la route à vélo sous le cagnard, le long de la côte. Le nord du Pérou, près du Pacifique, n'est qu'une grande étendue désertique parsemée de puits de pétrole et de quelques rares villages côtiers.
Inutile de préciser que je m'embourbe dans le sable, que je n'ai pas d'eau et que je mets plusieurs heures à atteindre le point. Dans ce village désert, seul le petit port de pêche avec son hangar de négoce de poisson attire le monde. Des locaux picorent leur "ceviche", le fameux poisson cru mariné péruvien, et quelques touristes paient l'entrée pour accéder à l'embarcadère.









La jetée est encombrée de cirés et de poisson. La pesée se fait et sur des petits carnets s'écrivent les pêches du jour pour le bateau accosté. De la cale sortent les caisses rouges et jaunes, là haut le poisson est immédiatement rincé et les travailleurs au visage buriné les acheminent ensuite.








Dans cette effervescence, un homme accroche quelques restes de poissons à une corde avant de la balancer. En bas, les gros ronds verts que paraissent les tortues dans l'eau s'agitent et en quelques brasses viennent arracher les lambeaux. Elles remontent sporadiquement pour respirer sortant leurs têtes qui paraissent vielles et fripées. Elles donnent l'impression de sourire.
Les touristes payent 3-4€ pour descendre équipés de masques et tubas nager avec elles.



Nous décidons malgré l'absence de colis à descendre plus au sud lors d'une sacrée journée à vélo. La panaméricaine traverse ces déserts de montagnes et de crevasses et nous l'empruntons pour rejoindre Lobitos, spot de surf réputé.
Le trajet est rude sous le cagnard mais reprendre un bon rythme sur le plat nous fait du bien. Après des journées de pistes dans les hauteurs équatoriennes, nous redécouvrons que faire plus de 30 kilomètres par jour est possible. Peu à peu les grandes pompes à pétrole parsèment le paysage, tout est aride et seuls quelques rares arbustes se dressent pour collectionner les sacs plastiques.






Lobitos c'est comme attendre le Mont-Blanc et avoir les Mont d'Arrés (je les aime bien plus mais l'analogie tient à la taille vous l'aurez compris ;) ) , la ville semble être tirée d'un film de la ruée vers l'or, les compagnies anglaises s'y sont installées, et beaucoup de travailleurs avec, il y a 80 ans. Depuis, la production a dû chuter puisque nous arrivons dans une ville délaissée, rarement peuplée, où les habitations en bois penchent dangereusement lorsqu'elles ne croulent pas. Sur le haut de la colline, seul un chateau d'eau bleu en forme de globe donne une touche comique, le reste n'est qu'un désert dans le désert.
Nous trouvons un petit hostel dans un ancien bâtiment de l'armée face à la mer, un hangar en bois pour moitié effondré.
Les vagues, elles, sont belles mais trop de surfeurs se pressent et nous préférons regarder.






Finalement nous reprenons rapidement la route pour une ville plus grande qui nous permettra de tricher (on va se faire allumer par quelques puristes, désolé...) : prendre un bus pour éviter plusieurs jours terribles sur la panaméricaine brûlante.
La ville que nous rejoignons n'est guère mieux : les abords de Talara sont une décharge à ciel ouvert et son port, un cimetière de tristes chalutiers. En toile de fond se dressent des structures d'acier immenses pour les plateformes pétrolières. Guère de charme mais au moins nous trouvons le bus qui nous emmène à Trujillo.





Trujillo, troisième plus grande ville du Pérou. Situé à quelques kilomètres de l'océan, nous lui préférons le petit village côtier de Huanchaco. Encore une fois spot de surf réputé et passage obligé des touristes, la ville vie au rythme des marchands ambulants, des locations de surf et de la musique. Nous dégotons malgré tout un hôtel fort calme puisque nous sommes seuls dedans, avec une formidable terrasse. Nous y passerons quelques bonnes journées de détente parce que mine de rien... On en fait des efforts !!

Pour le surf, Huanchaco est top pour débuter. Des vagues tranquilles mais quelque peu désorganisées, on s'éclate bien que je perde un aileron sur les rochers saillant qui tapissent le fond de la baie. Seul problème du spot. Mais c'est sans parler de Chicama... meilleur spot de surf du Pérou, quelques heures de bus de là où nous sommes, nous ne pouvions pas passer à côté. Encore une fois perdue dans le désert, la ville ne semble pas non plus bien vivante, à croire que le soleil écrase tous les habitants de cette région.
On marche plusieurs kilomètres sur cette baie interminable avant de découvrir l'ENDROIT : une combe protégée où s'engouffre la houle formant des vagues qui déroulent magnifiquement sur plusieurs centaines de mètres : dingue.
Meilleure session de ma vie sans aucun doute, j'enchaîne les vagues pour la première fois.

La suite s'est passée à Huaraz avec la boucle Huascaran !


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