Cotopaxi

Le Parc National célèbre pour son volcan recèle de beaucoup de beautés, glaciers, lacs, plantes... Entre découvertes et difficultés physiques, un passage obligé de l’Equateur

Trois coups de souffle dans les matelas, déplier les duvets, quelques lignes d’un livre dont on oubliera demain de quoi il en retournait et déjà le sommeil nous emporte. Au petit matin, j’ouvre le pan de la tente comme un rideau de théâtre et se dévoile le volcan Cotopaxi. L’acteur impassible se tient droit et fier au milieu de la plaine. Il est... impressionnant.
Uniforme de ses deux côtés comme si un enfant l’avait dessiné, il se pare à ses deux tiers d’une collerette de neige neutre. C’est le cliché du volcan.
Autour, il étend son manteau vert en vallons puis montagnes, quelque uns de ses confrères inactifs encerclent le Parc National du Cotopaxi.




Atteindre le Parc n’a pas été si simple. D’ailleurs rien ne l’est plus depuis qu’on a décidé de pédaler dans les Andes ! ☺️
Nous avions quitté deux jours plus tôt nos hôtes de la capitale : Javier (l’architecte béni qui nous a pris en pickup) et sa mère Blanca, encore une fois notre mama bienveillante, qui nous a tiré les larmes aux dernières embrassades.

En comptant notre escapade à la mer et les pérégrinations dans Quito, une dizaine de jours sans pédaler nous avaient gardé loin des montées et descentes.
Quitter Quito quand on est à vélo.. fut plus simple que c’en avait l’air. La capitale étendue du nord au sud est encerclée de montagnes et bientôt nous grimpions à s’en éloigner.
En début d’après midi, ce dimanche 18 novembre, nous tressautions déjà sur les chemins pavés de galets, entourés de champs vallonnés.

La veille, alors que nous marchions dans le marché aux fripes de Quito, l’orage régulier éclatait à 14 heure. Des torrents de grêlons s’abattaient sur la région, et je dis « régulier », car c’est bel et bien tous les jours que le grondement précédant la saucée nous paralyse pour une partie de l’après-midi.



Ainsi, à l’heure dite, alors que l’air devenait électrique et l’horizon lourd, nous trouvions in extremis une vielle bâtisse abandonnée, ancienne école où dans la salle de classe nous passons la nuit au sec.



Le lendemain fut l’ascension. Lourds comme nous étions, chargés de nourriture en prévision du campement, nos roues patinaient sur les petites pierres trop lisses. Les montées raides nous faisaient souffrir mais je crois qu’il n’est plus question de physique quand un tel effort se dresse devant nous. Seul la volonté peut nous donner la force d’appuyer ou non, encore une fois, sur nos pédales, actionnant le plus grand braquet qui déjà est trop petit tant la piste est raide.

Il s’en est fallut de quelques minutes pour que la gorge sombre dans laquelle nous étions débouche sur un presque plateau. 



Des montagnes se dressent ça et là, des plantes, de l’herbe, tout un écosystème qui donne l’impression d’être proche du but.
Pour couronner cette entrée en matière, un bonhomme velu se dresse sur le chemin. Notre premier alpaga se laisse caresser et prendre en photo comme une star patibulaire.




Au milieu des pins, des dernières parcelles cultivées et de quelques bétails oubliés, nous grimpions les mètres les yeux rivés sur l’altimètre. Nos jambes lourdes trahissaient des efforts violents et d’un nouvel intrant : l’altitude.
Le manque d’oxygène guettait à près de 3500 mètres. Allié à la fatigue, pédaler, puis bientôt pousser les vélos fut un calvaire.
La masse noire qui se pressait dangereusement derrière nous a délié nos muscles sur les dernières centaines de mètres jusqu’à l’entrée nord du Parc National du Cotopaxi.
Le garde nous accueille, et en s’enfilant un plat considérable de pâtes au pesto nous regardons les touristes chanceux, qui eux font du VTT dans le parc et redescendent en bus. Derrière, sous la masse nuageuse, se devine le volcan qui ne s’offrira qu’à la fin d’après-midi par des vents favorables.



Nous voici donc ce matin-là, à avaler notre plâtrée d’avoine traditionnelle devant ce panorama que nous seul, dormant dans le parc, pouvons voir. Pour les cars et pick-up de touristes il faut attendre 8heure, l’ouverture, pour ne voir que le volcan déjà s’emmitoufler dans ses nuages épais.

« Hello ! » Une Autrichienne à vélo nous cueille au creux du réveil. Les voyageurs à vélo sont une petite famille et nous n’en avions croisé que deux. Elle se joint pour un brin de route, ravie d’un peu de compagnie.
Nous tournons autour du volcan côté nord, la piste traverse les grandes étendues à ses pieds. Alors que le grain pointe encore son nez, nous nous réfugions dans un mirador à nous réchauffer avec du thé. Ce soir nous dormirons dans un lieu de camping devant le Cotopaxi.



Au petit matin, Edgar restant en bas face au volcan, nous décidons d’aller grimper ce fameux pic.
Lever 6 heure. Dans la plaine, nos vélos allégés de leurs sacoches filent au pied du Cotopaxi qui s’éveille. Le mauvais temps d’hier a fait descendre sa collerette de neige, il est beau. Son nom est indigène cache une histoire aussi belle. Au mois d’octobre, la lune caresse le cratère du volcan et l’on peut imaginer une femme vêtue d’un poncho blanc. Elle se pare pour son homme, le Chimborazo, plus haut volcan d’Equateur à 6900 mètres, que l’on aperçoit à 90 kilomètres de là.

Pas de record. Nous n’avons pas atteins les 4500 mètres du parking à vélo. Mais à pied nous avons grimpé jusqu'au refuge au dessus, dans le froid matinal, par des pas lourds comme la terre volcanique qui glisse sous nos pieds.

Dans ce refuge se côtoient des alpinistes aguerris de toutes les nationalités. Ils nous donnent envie de s’essayer à la montagne. Alors nous prenons nos jambes sous approvisionnées et attaquons le tracé enneigé vers le sommet.
La pente aiguë, mes chaussures de badminton, l’altitude et la neige ne nous font nous élever que très lentement. 45 minutes plus tard nous atteignons les 5000 mètres, la haute montagne !!! Nous sommes surexcités.

Nous nous séparons alors que je souhaite atteindre les glaciers qui me paraissent à portée de main, juste là bas, au dessus...



Mais tout devient plus dur, j’atteins difficilement les 5300 mètres à force de pas glissants et de chutes inévitables. Sur ma droite le glacier descend et je le rejoins.
Je pénètre dans ces murs de glaces sculptés, il y a là des pics comme des rocs, des failles comme des ruisseaux, des stalactites comme des branches et dans cette forêt de glace je glisse sur la neige, tout est beau et calme. Seuls le bruit d’une rivière caverneuse et de tous les « plicplic » de la fonte de glace résonnent.
Je m’emplis de la beauté de ces formes glacées avant de redescendre rapidement en glissant comme un fou dans l’amas de neige et de terre qui recouvre ces versants.

En revenant tout exaltés au lieu du camping, les mauvais temps nous pousse à préférer rejoindre la plaine où nous attend une maison chaude pour le soir.

Nous avons ainsi traversé la panaméricaine pour rejoindre l’autre partie du Parc National du Cotopaxi.
Cette nouvelle journée de grimpette nous fait faufiler dans les chemins pastoraux des fermiers autochtones. Ils sont beaux avec leurs chapeaux et nous saluent gaiement à notre passage.




La route creusée dans la terre noire de la région se fait difficile, les roues patinent dans les creusets sablonneux et rien n’est plus fatiguant. Mais ce chemin serpentant au travers des montagnes pétries des mains paysannes se révèle magnifique. Nous atteignons 4000 mètres puis, sous une folle averse descendons tout ce que nous avons monter pour nous réfugier dans un mirador pour la nuit.






La journée suivante s’annonce belle mais difficile. Le but : la laguna Quilotoa à 3900 mètres. Elle se mérite par des dénivelés sévères. Mais les vallées grandioses modelées par les pluies ancestrales sur la terre devenue sablonneuse nous impressionnent à chaque virage.

Nous luttons pourtant. Sur ces chemins rarement empruntés nous glissons et il n’y a qu’à pousser, mais nous glissons encore et tout est dur. Les cuisses font mal, il fait chaud nous avons faim. Dans ces moments nous gueulons, nous parlons de la bouffe que nous aimerions, on rêve, on se plaint mais pendant tout ce temps, déjà, nous avons grimpé un beau dénivelé et atteins un village.



Un homme affable mais commerçant nous évite les derniers 10 kilomètres que nous n’aurions pu grimper aujourd’hui pour quelques dollars.
Nous voici sur le flan extérieur d’un volcan éteint. Devant nous le panorama d’une vallée encore creusées de ravins profond et colorée de sable s’étend. Devant, nous y installons la tente. Mais alors que je grimpe, juste en haut d’un chemin de crête s’ouvre à moi la Laguna Quilotoa.
À main gauche s’étend les plaines ciselées de profonds ravins, sur la droite, entre deux volutes nuageuses, les pans du volcan dévalent vers son cratère transformé en lac.

« Petit con » me crie Edgar, tandis que l’un pousse et l’autre tire les bécanes dans les ravines du versant. Nous sommes à bout de forces. Mais là nous attend les quatre mètres carrés horizontaux où nous dormons.

Le réveil est si époustouflant qu’on ne sait où donner de la tête, tout autour est beau et qui voyons-nous ? L’Autrichienne qui dévale la pente (oui elle nous avait quitté au volcan Cotopaxi). Alors on plonge dans le cratère, 300 mètres de pentes à 90º, avant de finir dans l’eau glacée. Par endroit, les remontées soufreuses réchauffent l’eau mais nous ne les avons trouvé.

La remontée à pied est rude. Prend-ton conscience de ce que l’on fait ? je ne crois pas. Mais on en rira !










Germain

Commentaires

  1. ce reportage est saisissant on en a parfois le vertige a le lire on est transporté dans un monde extraordinaire qui conviendrai a ALICE dans le pays des merveilles bravo pour votre courage et votre amour de la vie

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